Audience du 3 février 2014 avec Mme Vincent, conseillère de Mme Pau Langevin, Ministre chargée de la réussite éducative.
Une délégation de la FSU Guyane a été reçue par la conseillère de la Ministre. L’objectif de cette audience était de faire entendre le point de vue de la FSU Guyane quant à l’état de l’école dans notre académie, l’échec scolaire qui y est lié et le retard structurel auquel nous ne pouvons plus faire face.
Pour la FSU Guyane, c’est l’existence même du pacte républicain « l’école pour tous » et « l’égalité des chances » qui est mis en cause.
A tous les niveaux scolaires le retard en terme de scolarisation est important, facteur d’injustices insupportables.
Madame la Ministre vient signer un contrat de haute qualité éducative, mais nous aimerions bien en préalable que tous les enfants du département aient accès à l’éducation.
Nous dénonçons :
– une incapacité à scolariser les moins de deux ans malgré toutes les recommandations ministérielles pour l’éducation prioritaire.
– un retard important de la scolarisation des 3 à 6 ans avec des inégalités territoriales considérables, chiffres honteusement oubliés sous prétexte que la scolarisation n’est pas obligatoire avant 6 ans. Nous tenons à rappeler que l’état est dans l’obligation d’inscrire tout enfant de 3 à 6 ans dont la famille le demande.
– une prise en compte très insuffisante des 35 langues parlées en Guyane et de l’importance de la structuration de la langue maternelle pour que les élèves accèdent plus facilement à la langue de l’école. Le travail en collaboration avec les Intervenants en Langue Maternelle doit se pérenniser et se développer sur des zones plus larges.
– un taux de non scolarisation toujours très important et en augmentation des 6 à 11 ans : insuffisance de l’accueil des enfants d’origine étrangère avec des communes n’appliquant pas la réglementation (dénoncé par le rapport de La HALDE), des conditions de transport pitoyables, une restauration scolaire insuffisante ou inexistante...
– de très mauvaises conditions d’accueil des élèves de collège (restauration, transport, surpopulation, absence de foyer...)
– un important décrochage scolaire au collège et lors du passage collège lycée.
– une inadaptation et une insuffisance des formations en lycées, un manque de places, un choix limité impliquant des orientations par défaut...
– un très important décrochage en lycée.
– une université inorganisée...
La non scolarisation, le décrochage, la souffrance scolaire sont consubstantielles des insuffisances du réseau scolaire et de la restauration scolaires ainsi que des incohérences des transports scolaires.
Le renoncement politique de tous les acteurs est effrayant :
– Le gouvernement annonce par la voix du Préfet : « aucun euro pour les constructions scolaires » et refuse d’organiser une réunion de travail sur ce sujet avec M ALEXANDRE et M TIEN LONG.
– La région annonce son incapacité à construire de nouveaux lycées.
– Le département ouvre deux chantiers de collèges seulement (et avec un retard de sept ans) et n’a aucun autre projet pour les sept prochaines années.
– Les maires ne peuvent plus construire de nouvelles écoles.
Pourtant le Président Hollande lui même reconnaît qu’il y aura 200 000 habitants de plus en Guyane dans les vingt prochaines années, c’est à dire plus du doublement de la population scolaire.
C’est donc les chantiers de 10 collèges, 5 lycées et 50 écoles qu’il faudrait immédiatement engager pour les sept prochaines années et renouveler tous les sept ans.
Le refus du gouvernement de constituer un observatoire de la construction scolaire et d’apporter la moindre aide en ce domaine condamne la Guyane au sous développement scolaire.
Dans ces conditions le message de la Ministre pour une éducation compassionnelle perd tout son sens.
Nous tenons par ailleurs à avertir la Ministre de l’existence, dans le département et au sein même de ce rectorat, d’un courant réactionnaire qui pose en principe le repli sur soi de la Guyane et l’exclusion des personnels « non Guyanais ».
Céder à ce chantage serait un véritable renoncement car la Guyane aujourd’hui n’a pas d’autre issue que de s’ouvrir à la solidarité régionale et nationale.
Paulette Pauillac (SNUipp-FSU), Fabienne Rochat (SNUipp-FSU), Christophe Bouchy (SNES-FSU).